De façon assez confidentielle, s’est tenu à Paris, les 23 et 25 mars derniers, le Salon du survivalisme. Du survivalisme ? La guerre n’est pourtant pas (encore) déclarée… A en croire ses organisateurs, il ne s’agirait pas tant de faire face à une catastrophe atomique ou à une pandémie quelconque que d’apprendre à vivre en respectant l’environnement. Autonomie et développement durable en était le sous-titre. Pourquoi pas. Parmi les ateliers proposés, on pouvait noter « Combat et survie en montagne » ou encore « Place de l’individu dans un groupe en situation dégradée », entre diverses propositions de stages de survie. Normal. Et dans les allées, coffres forts à taille humaine et gilets pare-balles rivalisaient avec les fabricants de couteaux les plus improbables.
Il en va de notre rapport à la nature comme de notre consommation et, de façon plus générale, de toutes les représentations qui habitent aujourd’hui nos têtes : les deux extrêmes y sont représentés. Les épiceries fines jouxtent les enseignes low-cost, l’industriel et le naturel convolent en justes noces, la féminité affirmée des blogueuses beauté rencontre les revendications « agender », et l’homme « trumpien » côtoie son cadet façon Eddy de Preto. Ainsi va notre société. Pourquoi la nature y échapperait-elle ?
D’un côté, la nature bienveillante, mi-pollen, mi-gentilles abeilles, entre pots de lait et paysans de proximité. De l’autre, la nature rebelle (à force de recevoir trop de coups ?) qui veut nous régler notre compte et nous contraint à nous placer dans une posture de survie… Une facette de la nature encore sous-représentée, sa face noire, mais non moins prometteuse… Ne pourrait-elle pas pourtant nous conduire vers de nouvelles formes de consommation, associées à moins de gâchis et à plus de responsabilité ? Des appareils pour conserver les produits frais plus longtemps, des filtres à eaux, des éoliennes à construire soi-même et même des pierre à feu, comme autant de nouvelles propositions pour notre quotidien. Aquaponie, permaculture, fermes urbaines autonomes, nourriture lyophilisée sont déjà des réalités. Les gestes de premiers secours nous sont plus familiers qu’hier. L’esprit survivalisme est déjà là sans que nous n’en soyons conscients..
Et si nous regardions notre quotidien en nous disant que tout ce qui nous entoure pouvait disparaître ou se réduire ? Place au Koh-Lanta marketing…