Une lecture attentive de la presse spécialisée nous apprend que le géant de l’affichage JC Decaux est en train d’expérimenter la vente de fruits et légumes dans un kiosque à journaux délaissé. Après avoir été longtemps emballés dans du papier journal, les légumes trouvent là de quoi se venger… L’idée est de donner une nouvelle vie aux kiosques de presse. C’est à se demander si, au cours de cette décennie, quelque chose aura échappé à la tentation de la réinvention. L’injonction touche aussi chacun de nous, dans nos vies professionnelles comme quotidiennes, puisque nous devons, sans cesse, apprendre de nouveaux gestes… La crise sanitaire n’a pas ralenti le phénomène…
Depuis le 16 janvier, le kiosque de la place Aristide Briand à Meudon propose ainsi 76 casiers connectés réfrigérés pouvant accueillir les fruits et légumes de saison sélectionnés par la startup La Clayette (ça ne s’invente pas), 7 jours sur 7 et de 6h à l’heure du couvre-feu. Le tout, bien sûr, avec la complicité de la municipalité qui y voit là l’opportunité de mettre en œuvre sa vision de la « ville service » ou « ville du quart d’heure » fondée sur la proximité et imaginée pour éviter les déplacements polluants de ses habitants. Ouvrir le champ des possibles, c’est aussi ouvrir le possible des champs. Meudon en fait la preuve.
A Paris, on a vu apparaître en 2013 une enseigne baptisée « Au bout du champ » (14 points de vente aujourd’hui) qui annonçait ainsi clairement son ambition de permettre aux Parisiens d’accéder à la fraicheur et à la vérité de la nature. Depuis quelques années, la SNCF met les quais de ses gares à la disposition des « petits producteurs » (l’équivalent actuel des « jeunes créateurs » des années 80-90) pour qu’ils puissent rencontrer les voyageurs. Voilà maintenant les kiosques détournés. Certains diraient «réenchantés » puisqu’à défaut de pouvoir (vouloir) changer le monde, il est toujours possible de le réenchanter.
Certains kiosques parisiens avaient déjà revêtu les habits de conciergerie de quartier sous la bannière « Lulu dans ma rue » avec l’idée (maline) que de petits travaux de la vie quotidienne pouvaient être réalisés par des habitants du voisinage. Une autre manière de faire connaissance. Demain, ils seront peut-être dédiés aux fruits et légumes comme à Meudon…