L’information n’a, certes, pas fait la Une des journaux. Peut-être seulement celle de la presse locale. Le magasin Le Printemps de Deauville est de nouveau ouvert, après cinq mois de travaux pour faire « peau neuve ». Un grand magasin qui rouvre, ce n’est pourtant si banal en ces temps où l’on ne parle que de fermetures, de faillites et de rachats d’enseignes…
Relevons tout d’abord qu’avec ses 1200 mètres carrés, il s’agit du plus petit des magasins Le Printemps, ce qui pourrait venir confirmer une hypothèse développée ici, il y a peu, selon laquelle les petits grands magasins auraient de l’avenir. Le plus petit, d’accord, mais aussi celui qui affiche le panier le plus élevé… 250 euros contre 150 en moyenne dans le reste du parc. Voilà qui vient remettre en cause quelques certitudes sur les vertus attribuées à la surface…
Ce magasin a aussi fait des choix qui donnent à réfléchir. Exit les corners de marques, leur personnel et leurs cabines d’essayage attitrées. Exit aussi, toutes les marques que l’on peut retrouver ailleurs dans la ville. Résultat ? 85 % de produits exclusifs et 85% de nouvelles marques par rapport à avant les travaux. L’ambition est affichée et devrait permettre au magasin de se doter d’une indispensable singularité. Les articles et les univers sont mélangés et disposés dans des pièces en enfilade au milieu desquelles trônent des tables pour donner au lieu un air de maison.
Le prêt-à-porter a même quitté le premier étage pour s’installer au rez-de-chaussée. Une révolution culturelle dans l’univers des grands magasins qui en dit long sur le comportement d’achat des nouvelles générations, aussi impulsives que versatiles, qu’il ne faudrait surtout pas perdre en leur demandant de prendre un escalier… Enfin, un rayon « seconde main/vintage », ici joliment baptisé Second Printemps, vient apporter la conscience environnementale attendue en 2023… Selon la direction, tous ces partis pris devraient assurer une augmentation du chiffre d’affaires de 25%…
Avec une promesse de « mood », portée par des pièces en enfilade qui se substituent au principe de l’allée centrale et une offre faite d’exclusivités, seules capables d’étonner et de stimuler le désir face à une offre pléthorique, interchangeable et omnicanale, le nouvel ADN du Printemps se teste à Deauville… avant de se retrouver dans le futur magasin de New York…