Ils s’appellent le Café Tranquille (rue du faubourg Saint-Denis), le Recto Verso Café (rue Portefoin), Cuvée noire (rue Saint-Lazare), le Café Margo (avenue Richerand), le café Nuances (rue Danielle Casanova), Dimanche (rue Victor Massé), Typica (rue des Filles du Calvaire) ou Bonjour Jacob Coffee (rue de Lancry et rue Dauphine) et incarnent à eux tous une nouvelle génération de cafés parisiens, loin des Starbucks aseptisés et des comptoirs en zinc qui ont contribué à la réputation de la capitale.
Intimes par leur dimension, dotés d’une identité soignée conçue pour aimanter les instagrameurs, ces néo-cafés que l’on nomme aussi coffee shops sont d’abord des promesses de coolitude. Ici, les baristas sont vos nouveaux amis et chacun sait qu’un latte n’est pas un café au lait. Les chaises sont vintage et l’ambiance brute, à base de bois, de béton et de céramique, parfois relevée d’un objet design soigneusement choisi. Une petite carte de « cafés de spécialités » y est proposée, associée à quelques pâtisseries parmi lesquelles figurent immanquablement un cheese cake et un cake à la banane. Quelques magazines life-style anglo-saxons mixant mode, déco et voyages viennent apporter la touche arty finale. Inutile d’y chercher Le Parisien ou Paris Turf.
Ces micro cafés incarnent ces nouveaux lieux urbains transplantés (plutôt qu’implantés) dans toutes les métropoles, sans aucune prise en compte d’une réalité culturelle locale, autant destinés à séduire une clientèle worldwide qui y retrouvera facilement ses repères qu’une clientèle locale en quête de nouveaux rites distinctifs. Paris, Berlin, Brooklyn, et même désormais Lisbonne, ne sont plus que des décors. Le café de spécialité est un des piliers de cet art de vivre où une valise à roulettes et un ordinateur portable sont toujours à portée de main.
Le café de spécialité se distingue du café classique par une attention toute particulière portée à la sélection des grains. Un travail de sourcing et de traçabilité proche de celui des viticulteurs. Ici, les blends dominent, le Brésil croise la Colombie, le Kenya, l’Ethiopie et chaque proposition a pour ambition de devenir une boisson signature. Une démarche qui répond bien à l’expertise recherchée par les consommateurs. Il y a peu, Paul annonçait la transformation de ses boulangeries en Paul Le Café, preuve que le marché du café de spécialité attire. Attention toutefois à ne pas décevoir les attentes car boire un café de spécialité, c’est boire bien plus qu’un café.