Le pouvoir des habitants de GenZLand, ce pays récemment découvert et dont les règles de fonctionnement ne cessent de nous étonner et de contredire nos certitudes, se fait chaque jour un peu plus visible.
Les voilà à présent capables d’assurer le succès de livres. Des livres qui, certes, ne correspondent pas totalement à l’idée que l’on s’en fait rive gauche, mais qui n’en sont pas moins de providentielles bouées de sauvetage pour les éditeurs. La New Romance s’affirme ainsi comme un nouveau genre littéraire avec son premier Festival (à Strasbourg), ses maisons d’édition coming from nowhere (Hugo & Cie) et ses autrices stars comme Morgane Moncomble. Tout ce petit monde restant totalement inconnu de la très grande majorité des Français. Un monde parallèle. Comme celui de TikTok. La Gen Z, par sa capacité de mobilisation via les réseaux, peut aussi être à l’origine de succès de films « classiques » comme Simone ou, plus récemment Le consentement, et même d’autofictions comme celle de Panayotis Pascot (25 ans). Faire un livre de son spectacle et non l’inverse, il fallait y penser.
Dans ce contexte pour le moins « shiftant », il serait dommage de continuer à regarder ceux qui sont âgés de 16 à 24 ans comme des ados qui « finiront bien par grandir ». Comprenez : qui finiront bien par nous ressembler. Et s’ils nous montraient, à leur façon, ce qui nous attend ? Dans le monde de la distribution par exemple. Parmi leurs kifs actuels, outre les bubbles teas, la K-food arrive largement en tête. Avec la K-pop et les K-dramas, des séries qui accordent d’ailleurs souvent la part belle aux scènes de repas… Deux enseignes alimentaires coréennes dominent le marché parisien : Ace et M-Mart. On y croise rarement des Boomers et leurs offres cochent toutes les cases des attentes actuelles de la Gen Z : étonnement (goût sucré-salé, couleurs improbables, textures inédites, formats jamais vus), hyperchoix (se sentir tenté par tout), nomadisme (street-food et grignotage pour toutes les occasions), le tout sur fond de prix (en apparence) accessibles, pour que tout semble à portée de désir, et de sentiment d’appartenance communautaire palpable.
Face à de telles promesses, qui pourraient devenir de nouveaux attendus de base, comment imaginer que la Gen Z finisse, un jour, par se satisfaire des rayons d’un hypermarché, pleins de produits semblant appartenir au siècle dernier ?