Il fallait bien que cela arrive. La vie des produits n’est-elle pas un éternel recommencement ? Puisqu’à Noël, Furby et Tamagotchi étaient au pied du sapin, pourquoi ne pas célébrer le Dry January de façon inattendue par une bonne tasse de chicorée ? La nostalgie est sans doute le meilleur des remparts face aux dérives du présent. La chicorée est de retour et personne ne trouvera à y redire. Voilà qui va nous changer des « cafés de spécialité » des bobos à bonnet et moustache du Canal Saint Martin.
Avec la chicorée, on serait plutôt du côté des « gens vrais » : ceux qui, avec leur Dacia Duster, partent explorer la nature, camper en famille près des lacs et faire du VTT dans la boue. Outre l’ami Ricoré, que l’on ne présente plus, pionnier du marketing du moment et du partage, on peut compter sur la chicorée Leroux, toujours à son poste, mais plus discrète, et, aussi, désormais, sur Cherico (il fallait le trouver), la chicorée « nouvelle génération » (forcément) imaginée par la start-up nation. Une chicorée « sublimée par une torréfaction maitrisée et moderne qui s’inscrit dans une démarche durable et locale » lancée par deux jeunes entrepreneurs à succès puisqu’il s’agit des anciens fondateurs de la bière Gallia, revendue en 2021 au groupe Heineken. Les voilà désormais micro-torréfacteurs de chicorée, animés par la conviction que « cette plante regorge d’atouts pour devenir la boisson de demain : douce, saine et bonne pour la planète ».
Il faut dire qu’elle a tout bon, la chicorée : cultivée en France et en Europe, elle a de quoi devenir l’emblème de l’agriculture responsable. Riche en nutriments, source de fibres et de sucres prébiotiques, elle est aussi un superaliment pour les défenses immunitaires. Quant à ses notes de caramel et de noisettes, elles peuvent facilement venir nourrir un imaginaire gourmand et apaisé, simple et rassurant, capable d’attirer tous les amateurs de cafés aromatisés importés (imposés ?) par Starbucks.
Pour preuve, Monoprix, toujours à l’affût, a récemment sélectionné Cherico dans le cadre de sa collaboration avec le site de crowdfunding Ulule pour dégoter des « pépites » potentiellement référençables sur ses rayons. De quoi favoriser sa notoriété. Redonner une nouvelle jeunesse à cette racine torréfiée venue du Nord de la France, quelle plus belle ambition ? Nos régions n’ont pas seulement du talent, elles ont aussi beaucoup à nous apporter, à nous les urbains.