On avait découvert le phénomène sur les réseaux sociaux, où il portait le nom de « Dupes » et consistait, pour la Gen Z, à y acheter (et à le faire savoir) des copies de qualité des produits dont ils rêvaient (parfums, sacs, accessoires, sneakers) mais qu’ils ne pouvaient s’offrir. Le phénomène semblait cantonné aux habitants de TikTok (un monde à part) mais voilà qu’on le retrouve aujourd’hui dans la vraie vie, dans une version plus adulte et dans un pays que tout le monde considère (considérait ?) comme un eldorado : la Chine. Ça rigole tout de suite moins.
Le phénomène porte le nom de Pingti (« leurre » en chinois) et décrit le même penchant à vouloir contourner les marques, via des imitations de qualité équivalente, sans logo. Voilà qui ne devrait pas arranger les affaires des groupes de luxe qui se trouvent déjà confrontés (pour la première fois) au ralentissement du marché chinois. Là-bas aussi, les temps changent et exhiber des logos parait de moins en moins prisé par les classes supérieures.
En Chine, sur Xiaohongshu, une plateforme à la croisée d’Instagram et de Pinterest prisée des jeunes femmes aisées, les influenceuses apprennent aux utilisatrices à s’habiller comme les Japonaises qui sont toujours élégantes sans dépenser beaucoup. La coiffure, le soin du visage et les détails comptent davantage pour elles que les logos. Porter une robe Versace avec un sac à main Chanel est maintenant réservé aux femmes riches plus âgées qui n’ont pas vraiment de sens de la mode et péjorativementsurnommées « da ma ». Peut-on s’étonner de cette évolution qui n’est finalement qu’un des effets collatéraux de la mondialisation dans la mesure où la mode européenne reste un signe extérieur de richesse ?
Peut-on aussi s’étonner qu’à force de parler de « consommateurs experts » qui en savent toujours plus, ceux-ci en soient venus à s’échanger des bons plans capables de hacker le système ?Par ailleurs, bon nombre de start-ups ne se sont-elles pas construites sur l’idée de la suppression des intermédiaires pour proposer qualité et prix accessibles à leurs clients ?
Plus fondamentalement, ce phénomène vient révéler le désir des consommateurs de se rapprocher de ceux qui produisent et d’enjamber ainsi les intermédiaires. Une autre manière de définir le rapport qualité-prix… Les enseignes de distribution étaient les premières à être considérées comme responsables de l’inflation, voilà que c’est maintenant au tour des groupes de luxe. La quête de « petits producteurs » n’est plus réservée au monde agricole.
So What ?
Face à la recherche actuelle de produits « inspirés par d’autres », une seule réponse pour les « vraies » marques : l’innovation et la créativité. Indispensables pour garder un coup d’avance…