22 avril 2025

Un esprit Bistro

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Après le wagon-restaurant, puis la voiture-bar, c’est désormais le Bistro TGV INOUI que les clients à grande vitesse de la SNCF fréquenteront pour contempler, ailleurs que depuis leur fauteuil, les paysages qui défilent.

« Un nouveau nom, une nouvelle expérience gourmande avec une carte inspirée des classiques de la cuisine française » annonce, lyrique, la compagnie ferroviaire, (solides) preuves à l’appui : saucisse de Toulouse et purée ou pommes de terre sauce gribiche, dés de Cantal, en plats de résistance, potentiellement suivis par un fondant ou un moelleux au chocolat. Le tout, sous l’œil bienveillant d’un barista (le néo loufiat) qui « vous accueille chaleureusement ». Une offre, imaginée dans le respect de l’environnement avec des recette de saison favorisant les filières d’ingrédients français et les circuits courts, précise la SNCF sur son site cochant ainsi toutes les cases du parfait story-telling. 

Jamais l’esprit bistro n’aura soufflé aussi fort dans nos assiettes que depuis la fin de la crise sanitaire. Cela avait commencé par le grand retour du Bouillon (quelle ville n’en possède pas aujourd’hui ?), envisagé comme la solution miracle à la crise de la restauration avec ses recettes de toujours, simples et consensuelles, ses petits prix, ses grandes salles bien remplies avec ses tablées qui ne s’éternisent pas, sa clientèle locale et internationale à touche-touche et sa file d’attente comme promesse d’ambiance et de partage. Inutile ici de réserver trois mois à l’avance pour avoir droit au service de 19h30. 

Après les Bouillons, ce fut le tour des bar-PMU, décrétés derniers bastions d’une authenticité devenue synonyme de vérité, à la fois capables de maintenir le lien dans les territoires oubliés depuis leur comptoir et de séduire les pointus du Fooding qui n’aiment rien tant que de se voir en défricheurs de l’air du temps. Voilà aujourd’hui le temps du bistro avec la saucisse purée comme étendard, ultime symbole d’une France qui, faute d’avoir réussi à installer le vivre-ensemble comme idéal, tente aujourd’hui le manger-ensemble comme solution à ses tensions.

A Paris, un restaurant éphémère (attention : concept) vient de s’installer à l’orée de la rue Montorgueil (jusqu’au 30 juin) avec, en mono promesse, un plat à 6,90 euros renouvelé toutes les trois semaines. Premier plat annoncé ? Une saucisse purée qu’il est possible de faire suivre par une mousse au chocolat à 2,90 euros. On a hâte de connaître le suivant…

So What ?

Intergénérationnel, robuste, facile à réaliser, évocateur de souvenirs… et pas cher : le profil du plat à succès en 2025 est clairement dessiné. L’heure n’est pas à la prise de risque.