Les urbains se sont découverts une passion pour la grimpe. Les mauvais esprits ne manqueront pas d’y voir une manière de fuir une ville devenue stressante et irrespirable. Comme les insectes prisonniers d’un verre retourné, ils espèrent s’en sortir par le haut. Les esprits lettrés, eux, ne se montreront pas surpris, puisqu’ils ont depuis longtemps constaté (et regretté) que « à » se dit désormais « sur ». Si tous ceux qui vivent « sur » Paris ne disposent donc pas pour autant d’un roof top, comment s’étonner qu’à force de s’imaginer en position dominante, ils finissent par prendre goût à l’escalade ?
Voilà donc les salles dédiées à ce sport, habituellement pratiqué en montagne et réputé austère, devenues, en peu de temps, à la fois les nouveaux temples du cool et un juteux marché. Pour preuve, le nombre d’enseignes présentes au pied des murs, chacune avec une offre bien pensée. Arkose revendique une position de leader avec ses dix adresses parisiennes pendant que Climb Up lorgne plutôt du côté de la périphérie et que Vertical’Art et Climbing District cherchent à attraper au passage une part du gâteau. Que des noms qui fleurent bon le brainstorming disruptif…
Chez Arkose, grimper relève autant du style de vie que de la pratique sportive. Pour preuve, on n’y parle pas de salle d’escalade mais de loft d’escalade. Nuance. Un bar (où l’on ne sert pas que des jus de carotte…) et un restaurant bénéficiant du label Ecotable (rebaptisé ici cantine, coolitude oblige) sont toujours à proximité des blocs, invitations à l’échange dans un « esprit club » bienveillant et irrigué de valeurs positives. Côté offre, tout a été pensé par le génie marketing : tarifs avantageux aux heures creuses, réductions sur le Food&Beverage pour les abonnés, cours pour les kids (car, ici, un climbleur est potentiellement un parent) et même un Arkose Shop proposant de « belles » marques responsables et une agence de voyages, histoire de ne pas perdre la main durant ses vacances. Beaux endroits, bonne cuisine et respect des lieux : l’UCPA en version bobo urbaine. La note aussi en profite pour grimper. Sky is the limit.
Chez Climb Up, des espaces de co-working sont proposés aux grimpeurs pour leur permettre de concilier corps et esprit. Faire une pause en allant grimper ou suivre une visio entre deux grimpes : toujours mieux que de griller une clope sur le trottoir ou d’errer sur les réseaux sociaux. Après l’hybridation du travail et des vacances (workation), voici celle du travail et du sport. Pas de doute, l’avenir est à bien à l’hybride.