Et si le marketing de la grande conso s’inspirait de celui du cinéma ? Après tout, les deux secteurs ne sont pas si différents. Dans les deux cas : des produits pensés pour séduire un public large en leur racontant une belle histoire. Parfois, des produits plus « exclusifs » réservés à un public plus restreint. Parfois, des produits made in France, parfois, « made in plus loin ». Et puis, tout l’art de l’innovation ne consiste-t-il pas à aller chercher de l’inspiration ailleurs que sur son marché d’origine ?
Depuis peu, la tendance qui anime les professionnels des écrans est à la déclinaison des succès. Une manière de faire du neuf en limitant les risques. La bonne idée. Prequel, Spin-off et Reboot font ainsi désormais partie de leur vocabulaire de base. Une petite explication s’impose. Par Prequel, il faut entendre un film qui raconte des événements antérieurs à ceux déjà racontés par un premier film à succès. Non pas « la suite » comme très souvent, mais « l’avant ». Malin. Un Spin-off est un film qui prend un personnage secondaire d’un film à succès pour en faire le héros d’un autre film. Une manière originale de recréer de l’intérêt. Un Reboot est, lui, un film qui reprend à zéro l’histoire d’un héros pour la moderniser. Par le choix de l’acteur ou le lieu de l’action. Une façon de remettre un produit au goût du jour.
Appliquer cette typologie aux marques ne semble pas très compliqué. Un peu d’imagination ! Le Prequel de la confiture Bonne Maman pourrait ainsi prendre la forme d’une offre imaginée par une ancêtre, la mère de Bonne Maman, celle qui lui a appris tous les secrets des fruits cuits. Le Spin-off de Michel & Augustin s’appellerait « Les recettes d’Augustin » (ou de Michel) : une nouvelle gamme, toute aussi ludique mais plus exclusive, aux recettes plus sophistiquées ou plus surprenantes. Quant au Reboot de la Vache qui Rit, rien ne dit qu’il aurait la forme d’une part de fromage, mais toujours le même goût et le sourire aux babines.
A bien y regarder, la Petite Robe noire de Guerlain et Badoit rouge ne sont-ils pas des Reboots ? Charles Gervais, La Laitière et les « maîtres chocolatiers Lindt », des Prequels ? Quant aux Spin-off, ils se font plus discrets. Raison de plus pour tenter d’en inventer…