Selon une récente étude menée par Xerfi, spécialiste des études sectorielles, l’épicerie fine aurait encore de belles perspectives devant elle. En plus de l’intérêt grandissant des Français pour le «bien manger», la gastronomie et le terroir, la reprise de la croissance devrait même stimuler le secteur. Certaines familles de produits garderont leur attractivité comme les aliments «festifs» (foie gras, caviar, confiserie, chocolat…) alors que d’autres pâtiront des mesures de prévention publique et des préoccupations sanitaires des Français (saumon de Norvège, vin et spiritueux). Nous voici prévenus.
Conséquences ? Les enseignes de grande distribution se livrent une guerre des prix sur ces produits et le hard discount n’est pas le dernier à suivre le mouvement comme en témoignent les offres disponibles chez Lidl et Leader Price. Quant aux épiceries fines, elles ne cessent de se multiplier à coups de «premiumisation» et de rareté pour mieux susciter la curiosité insatiable des consommateurs. Il y a dix ans, l’épicerie fine semblait être la chasse gardée des seniors et des touristes et peu étaient prêts à parier sur son développement. Que s’est-il donc passé ? Chacun y va de son explication.
Pour les uns, l’envie de se faire plaisir avec de « bonnes choses », qui anime aujourd’hui les consommateurs, serait une manière de se réconforter face à aux incertitudes portées par le contexte environnant. D’autres pensent entrevoir le succès des produits régionaux derrière celui de l’épicerie fine. Une manière pour ceux qui les achètent de militer avec leurs caddies et d’affirmer leur appartenance territoriale. La consommation au service de la construction identitaire. Ces produits du terroir sont également des produits d’hier. Ceux que l’on a toujours connus, qui rassurent par la part de tradition qu’ils portent et qui permettent à plusieurs générations de se retrouver, des vingtenaires adeptes du fooding à leurs grands-parents ravis de ce retour en grâce.
Et si, plus simplement encore, le succès de ces produits un peu plus rares et un peu plus chers que les autres venait de ce qu’ils sont souvent un peu plus beaux que les autres ? Une preuve supplémentaire de l’esthétisation progressive du monde…