Quand Carrefour se rapetissait pour mieux se faufiler dans les métropoles, l’enseigne devenait Carrefour City, Carrefour Contact, Carrefour Express. Aujourd’hui, elle se met un chapeau de paille sur la tête et ouvre des Potager City pour mieux séduire le rural qui sommeille au fond de chaque urbain. Le potager en pleine ville : le fantasme de Jean Jacques Rousseau n’a pas vieilli.
Trois magasins ont déjà pris racine dans la capitale avec une offre de fruits et légumes « de qualité au juste prix ». Le bon sens paysan. Comprenez : de l’ultra-frais et du circuit court avec des achats directs auprès de producteurs en transit de Rungis. Des fruits et légumes sur plus de 50% de la surface du magasin, dont une large part de saison, complétés, selon les magasins, par une sélection de produits d’épicerie en partenariat avec la société Omie & Cie qui promeut l’agriculture « régénérative » (jusqu’à 170 références), du vin en partenariat avec la société Le Petit Ballon (environ 40 références) et des produits frais en libre-service (fromages, crémerie, charcuterie). Le paradis n’est plus très loin. Les magasins Potager City seront également un point de retrait pour les paniers de fruits et légumes qui pourront être commandés directement sur le site e-commerce de l’enseigne.
Depuis que Grand Frais fait partie des enseignes préférées des Français et que les paniers de petits producteurs ont été adoptés par de nombreux bobos urbains, c’est peu dire que l’imaginaire de la campagne est devenu le nouveau Graal du commerce. Pas un secteur n’y échappe. La cosmétique, avec son offre From Farm to Face (FtoF), la restauration aussi, et tant pis si le lierre qui tombe des plafonds de leurs établissements et les fleurs qui ornent leurs façades sont en plastique made in China. L’idée de déjeuner sous la tonnelle est bien là.
A Lyon, le Botani Café propose une « bistronomie créative et réconfortante » au sein d’une jardinerie urbaine. Une carte des plantes est disposée sur les tables pour en préparer l’achat et des plats végétaux occupent une large part des menus avec moult plantes aromatiques cultivées sur la terrasse. Hyper malin et tellement réjouissant. Parions que demain, les espaces de restauration se multiplieront dans les jardineries à la vitesse des fourmis. Les Food Courts seront alors oubliés et on ne parlera plus que de Food Gardens.