Comme New York, le marketing ne ferme jamais l’œil. Les promesses de la journée à peine tenues, qu’il faut déjà imaginer celles du soir et de la nuit. Depuis peu, les articles sur une nécessaire qualité de sommeil se multiplient comme autant de nouvelles injonctions. Bien dormir pour bien aborder sa journée, pour paraître plus jeune et même pour vivre plus longtemps. Selon l’Institut national du sommeil et de la vigilance (on frôle la grande cause nationale), 37% des Français se disent insatisfaits de leur sommeil. Si l’on ajoute ceux qui sont insatisfaits de leur vie, pas sûr qu’il reste grand monde…
Il n’en fallait pas plus pour que les propositions pour nous aider à mener ce nouveau combat contre les moutons sauteurs se multiplient. Le « bien dormir » s’ajoute ainsi au « bien manger », au « bien vivre » et au « bien vieillir ». Bientôt le « bien mourir ». Notre époque est définitivement en quête de bien. Les matelas et autres oreillers ergonomiques à mémoire de forme sont les premiers à s’emparer du combat. Normal. Suivis de près par les applications dédiées comme le Dodow, un dispositif lumineux fondé sur la cohérence cardiaque déjà adopté par plus d’un million de personnes. Les couvertures et couettes lestées (de plusieurs kilos) sont aussi dans les starting-blocks. On en trouve même chez Ikea. La marque Kusmi Tea qui s’était, en son temps, fait remarquer sur les rayons encombrés du thé avec son mélange Detox, vient d’ailleurs de lancer un Rituel Sommeil au rooibos, enrichi d’extraits de mélisse, recommandé pour l’endormissement. Un signe.
Mais la nuit n’est pas qu’affaire de sommeil. De beauté, aussi. Masque remodeleur de l’ovale du visage par-ci, patch de botox pour lisser les rides et gommer les marques de sommeil par-là ou encore bonnet de nuit pour empêcher les cheveux emmêlés au réveil et gants nocturnes (!) pour optimiser la pénétration de la crème et permettre ainsi une réparation optimale des mains et des ongles… Il fallait y penser. N’oublions pas les thalassos qui préfèrent désormais miser sur le sommeil que sur la remise en forme. C’est plus calme. Les Thermes de Saint-Malo proposent ainsi un séjour « mer et capital sommeil » conçu pour « renouer avec un sommeil réparateur » avec possibilité de choisir son oreiller (brume d’oreiller offerte).
On savait les consommateurs prêts à payer pour ne rien faire et même ne rien manger. Les voilà désormais prêts, aussi, à payer pour dormir. Le marketing ne ferme vraiment jamais l’œil.