Puisque la condition animale est devenue la nouvelle préoccupation émotionnelle des consommateurs, pourquoi faudrait-il qu’elle soit systématiquement associée à des scènes de violence ? N’y a-t-il pas là, aussi, l’opportunité d’actions inédites et positives de la part des marques pour valoriser des engagements qui répondent à ces inquiétudes ? La première qualité d’une marque qui réussit est sa porosité avec les attentes du moment. Le socio-marketing s’est installé dans le lit du marketing.
Prenons les poules en cage. On peut, certes, appeler à boycotter les oeufs issus de ce mode d’élevage. Mais on peut aussi décider de ne plus en vendre. Monoprix a été une des premières enseignes à s’engager en faveur de ce combat. Voici maintenant celui de Poulehouse. Un nom rigolo dans la très actuelle mouvance clin d’œil et jeux de mots. Mais pas que. Poulehouse part du constat que les poules pondeuses sont majoritairement tuées l’âge de 18 mois à cause de leur baisse de production. Or, une poule peut vivre jusqu’à 6 ans… Poulehouse permet donc aux poules de mourir naturellement en leur offrant un lieu dédié. Une sorte de maison de retraite pour poules. « Des œufs qui ne tuent pas la poule », voilà donc l’insight et sa promesse, promesse qui a un prix puisque les six œufs sont vendus 6 euros… Le prix de la bonne conscience.
Pour aller encore plus loin, la marque a récemment lancé une souscription sur KissKissBankBank pour financer le lancement (disponible en précommande) d’un gâteau au chocolat avec des oeufs qui ne tuent pas la poule. De la poule aux œufs et au gâteau, il n’y a finalement qu’un seul chaînon. Et après le gâteau ? La pâtisserie ? Une manière habile et inédite de répondre aux questions des origines et de la condition animale. Une pierre, deux coups. S’ouvre ainsi le débat sur la traçabilité des produits transformés car, si l’information sur les modes d’élevage est désormais présente sur chaque boîte d’œufs, elle est encore relativement absente des packs des produits transformés.
Quand le combat d’une marque rencontre l’imaginaire des consommateurs, il en sort forcément gagnant. Après les consomm’acteurs, voici le temps des consomm’à cœur, animés par l’idée de faire le bien à travers leur consommation.