Avant, un hôtel c’était une adresse bien placée, une façade classée, des chambres avec vue et un petit déjeuner gargantuesque. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, tout a changé. Plus personne ne souhaite rester dans sa chambre et encore moins prendre son petit-déjeuner à heures fixes, voire s’en mettre plein la panse. Bio, détox, éthique, végan sont passés par là. Tout se passe désormais dans le lobby qui, après avoir été confondu avec l’entrée pendant de nombreuses années, accède aujourd’hui au statut de lieu le plus désirable de l’hôtel. The place to be.
Un peu comme si le plus important était désormais de se montrer, de participer, de rencontrer, d’échanger plutôt que de rester dans son lit devant la télévision… Mieux encore : il n’est plus nécessaire de « prendre » une chambre pour y avoir accès. Le lobby est ainsi un peu devenu la zone grise de l’hôtel, ni totalement publique, ni totalement privée. Et encore moins un lieu où l’on check-in et check-out, puisque tout se passe désormais en ligne et que le room-service s’effectue via une tablette. Un entre-deux synonyme de changement, finalement très dans l’air du temps…
Voilà donc les lobbies porteurs d’un nouveau fantasme urbain où pourraient se rencontrer dans un même lieu, le touriste avide de souvenirs « extraordinaires » destinés à être immédiatement relayés sur les réseaux, le start-upeur venant travailler « à la cool » et le voisin qui s’y rendrait pour un mini-concert, et trouverait là l’opportunité de ré-enchanter son quotidien dans un quartier qui n’a plus rien à lui donner pour l’étonner.
A en croire les historiens, le lobby renouerait ainsi avec la tradition puisqu’il a longtemps été, jusqu’à la Belle Epoque, le lieu de rendez-vous de la haute société avec ses boutiques et ses tables d’hôtes. Sauf qu’aujourd’hui, il y flotte plutôt un esprit décontracté, cool et modeux où DJ, start-upeurs et co-workeurs aiment se retrouver autour du baby-foot ou du bar. La preuve que la hype est devenue l’ultime quête de la bourgeoisie urbaine.