Le 20 décembre dernier, le Conran Shop parisien (ouvert en 1992) baissait le rideau pour toujours. Quelques jours auparavant, c’était au tour d’Habitat (ouvert en 1973, à Montparnasse). Ces deux enseignes qui ont, un temps, appartenu au même groupe, seront donc restées unies jusqu’à leur disparition. Est-ce vraiment une coïncidence ? Toutes les deux sont sorties du même cerveau, celui de Sir Terence Conran et ont incarné une époque. Une époque d’avant les collab’, les pop-ups et les réseaux sociaux. Une époque où l’on se rendait dans leurs magasins pour s’inspirer, se laisser surprendre par de nouveaux styles et des objets inédits : des abat-jours en papier, des woks et des couteaux japonais, du design italien et des meubles inspirés par le Bauhaus, des accessoires pour la salle de bain qu’il était si difficile de trouver ailleurs…
Habitat et le Conran Shop étaient les premiers concept-stores : faciles d’accès, en libre-service, chargés d’objets et de meubles qui, associés les uns aux autres, constituaient un style de vie urbain immédiatement identifiable. Ici, il ne s’agissait pas encore d’être branché, mais simplement moderne. Colette n’était pas encore née. Aujourd’hui, Habitat s’appelle Ikéa, Maison du monde, AM-PM et l’esprit du Conran Shop s’est dissous dans diverses DNVB qui mettent parfois un pied dans le réel, tiraillées entre l’ambition opportune de produire une offre répondant aux images vues sur les réseaux sociaux et celle se contenter de diffuser des modèles iconiques devenus des marqueurs indispensables pour tous ceux qui s’inventent un style de vie désirable. Les temps ont changé et les attentes des Millenials ne sont plus celles des Boomers. Habitat aurait sans doute dû multiplier les collab’ et intégrer les influenceurs et le Conran Shop, installer un café instagramable dans ses murs et proposer une offre originale au lieu de se contenter de diffuser de l’iconique haut de gamme.
Aujourd’hui, les propositions pour la maison sont partout et même là où on les attendait le moins. Chez Leroy Merlin et Castorama. La Redoute annonce abandonner le secteur textile pour se recentrer sur le secteur de la maison et l’on peut s’attendre à ce que de plus en plus de marques de mode s’aventurent sur ce territoire comme le font déjà Armani, Dior, Sézane ou Sessùn. La maison est partout. Ses maisons se sont multipliées. C’est le nouveau prêt-à-porter.