Photos : Ephemera / Culturespaces – Cutback
La semaine dernière ouvrait à Paris, dans les murs du MK2 Bibliothèque, le premier restaurant immersif de France. 100 couverts, 700 m2, baptisé Ephemera. Un nom qui annonce la couleur puisque les thèmes proposés sont appelés à se renouveler plusieurs fois par an. « Under the sea » ouvre la saison. La mer et les fonds marins, quoi de mieux quand on promet une expérience 100 % immersive grâce à des éléments de décor soignés (ceux du cinéma) combinés à des contenus visuels digitaux sous forme de tableaux vivants où requins, raies et autres calamars se succèdent du lagon aux abysses ? Le chef imagine ses assiettes, puis adapte lumière, son et température à l’histoire qu’il souhaite raconter pour mieux mettre tous les sens en éveil. L’idée est ici d’éliminer tout élément parasite sans rapport avec le plat et d’influencer la perception du goût en faisant appel à différentes zones du cerveau. Le tout pour un tarif relativement abordable, tournant autour de 50 euros.
Les restaurants à thèmes existent depuis longtemps. Certains associent spectacle et repas ou invitent un chanteur lyrique. D’autres vont jusqu’à proposer une table dans le noir, expérience mémorable s’il en est. Aucun en France ne s’est encore aventuré dans l’immersif visuel. Et pourtant. Il suffit d’observer le succès de l’Atelier des Lumières, né à Paris et désormais décliné dans plusieurs villes de France, pour se laisser convaincre de la pertinence d’ajouter une table au spectacle. En projetant sur de très grands écrans des images de tableaux sur fond de musiques choisies pour provoquer l’émotion recherchée, l’Atelier des Lumières attire un public large et familial qui ne se sent pas spontanément attiré par les musées. Un public davantage en quête de sensations et de moments de partage que de connaissance et de culture académique. Un public jeune, aussi, habitué aux immersions proposées par les jeux vidéo et les casques de réalité virtuelle et friand d’innovations technologiques.
Depuis quelques années, la restauration carbure à l’inventivité et à la vitalité des chefs cathodiques animés par l’idée de déconstruire, de réinventer, de surprendre pour proposer des expériences singulières. Pourquoi ne parlerait-elle pas, elle aussi, à un public plus large que celui des amateurs de bonnes tables ? Après avoir été dans l’assiette, le spectacle pourrait bien, demain, être autour de l’assiette.