L’information n’a pas la fait la Une des journaux. Elle n’en est pas moins révélatrice de l’évolution de nos modes de consommation. Après 30 ans de déclin, les ventes de beurre sont reparties à la hausse en France. Avec 4 kg par an et par habitant, le double si l’on compte les produits consommés hors domicile, les Français sont plus que jamais champions du monde de la consommation de beurre. Ce sont les beurres moulés qui profitent le plus de cette embellie avec une hausse de 8%.
Plusieurs facteurs explicatifs de cette évolution peuvent être convoqués à la barre. Le rejet des beurres allégés constitue sans aucun doute le motif principal. Méfiance envers les produits « oxymores » (lourd/allégé, industriel/artisanal, tout prêt/fait maison…), aux origines douteuses, au profit de l’authentique et du régional. Plus qu’un changement de comportement, un changement de valeurs.
Le retour en état de grâce du beurre est aussi le signe que de plus en plus de Français cuisinent désormais à la maison. Une conséquence de la crise économique qui les fait moins fréquenter les restaurants, certes, mais aussi un effet colatéral du développement des émissions de « télé-culinarité ». Comment imaginer mitonner de bons petits plats traditionnels ou inventer des recettes fooding avec des substituts de produits ? L’intérêt pour la cuisine est indissociable d’un intérêt pour la tradition et les gestes de toujours.
Après des années de tentation de produits dotés de promesses d’efficacité ou de santé, place aux produits simples et vrais comme le beurre moulé. Les produits basiques, que le marketing a longtemps cherché à rendre « innovants », retrouvent aujourd’hui leur attractivité grâce à leurs seules qualités : simplicité et origines.