Après Levi’s et son Virtual Stylist, c’est au tour du site Net-à-porter de mettre à la disposition de ses clients un chatbot doté d’une intelligence artificielle. Un outil qui sera capable de leur proposer une tenue en adéquation avec une circonstance donnée, qu’il s’agisse d’un départ en vacances, d’une soirée, d’un mariage ou d’un nouveau travail. La société a investi plus de 400 millions de livres dans son développement… Les produits seront également choisis en fonction des goûts de chacun, induits par ses achats précédents, son activité ou sa situation géographique.
Bienvenue dans le futur de la mode et du luxe où l’intelligence artificielle, le nouvel enjeu de la distribution, pourra répondre aux attentes de personnalisation de ses clients. Un levier de satisfaction sans doute plus important que dans n’importe quel autre secteur d’activité. En cas de questions trop précises, l’intelligence artificielle suggérera toutefois d’entrer en contact avec un personal shopper humain… Si les personal shoppers font depuis longtemps partie des stratégies des boutiques de luxe pour booster leurs ventes, il restait un vide à combler entre la recherche non assistée et les services d’un assistant personnel. C’est fait.
Les plus optimistes se réjouiront de l’irruption de cette forme d’intelligence dans la relation client, gage de nouvelles perspectives d’expériences ludiques et fédératrices. Qui pourrait être contre ? Les plus philosophes ne manqueront pas, eux, de s’interroger sur la manière dont les goûts et les esthétiques se façonnent dans notre société. Les suggestions émises par l’intelligence artificielle sont ici construites sur un historique de consommation, un profil et des circonstances projetées. Comment pourrait-il en sortir quelque chose d’inattendu et de surprenant ? N’est-on pas alors plus près de la flatterie que de la reconnaissance ?
La consommation, trop souvent synonyme d’accumulation, a de plus en plus de mal à séduire. Ne pourrait-elle pas, pour retrouver de l’attractivité, se faire, de temps en temps, davantage « longue-vue » que « rétroviseur » en venant suggérer de nouveaux possibles ? Permettre à chacun d’être surpris par lui-même, quelle plus belle perspective ?