On n’a pas fini de parler des effets de la crise sanitaire sur nos vies et nos habitudes. Parmi eux, c’est sûrement notre rapport au temps qui a été le plus impacté. Le temps dédié au travail, en particulier, est devenu si liquide qu’il a envahi toutes les autres sphères. Conséquence : la notion de bureau en tant qu’extérieur à son domicile a totalement disparu. Désormais le travail peut venir rappeler son existence à n’’importe quel moment et n’importe où. Pas étonnant qu’une start-up dénommée Kabin se soit donné pour vocation d’installer des cabines de travail dans des lieux publics.
La première du genre a trouvé sa place au sein du Daily Monop’ des Ternes, à Paris, et a bien fait sa part de buzz. Conçus pour permettre à chacun de s’acheter de quoi déjeuner ou manger sur le pouce, les Daily Monop’ ont été directement touchés par la crise sanitaire et réduits à la seule vente à emporter. L’espace imaginé par Kabin vient à sa rescousse en suscitant l’envie de s’y rendre… pour travailler… « Un véritable petit bureau de quartier » (dixit le dossier de presse) qu’il est possible de réserver, via une application, pour 15 euros de l’heure en attendant un abonnement prévu dans les projets. La cible visée par la start-up va de ceux qui n’en peuvent plus de travailler chez eux et ont besoin d’être ailleurs aux free lance et autres commerciaux qui n’ont pas (ou plus) de bureau et sont en quête d’un point de chute. Ce qui fait pas mal de monde…
Les frontières tombent, c’est le temps des fusions. Le monde de l’hôtellerie ressemblait déjà de plus en plus à celui de la maison qui, lui-même, se rapprochait, par ses choix esthétiques et d’ambiance, de celui du travail. A moins que ce ne soit l’inverse. Le patron du groupe Accor n’a-t-il pas récemment annoncé son ambition de s’adresser à ceux qui ne souhaitent pas passer une nuit dans ses établissements ? Ne voit-on pas se développer le phénomène de la bi-résidentialié, nouvel art de vivre consistant à résider dans un autre lieu que chez soi pendant des temps plus longs qu’un week-end et dans des conditions de confort comparables ? Comment, dès lors, s’étonner de l’apparition de magasins « work friendly », eux qui, depuis longtemps, se rêvent en lieux de vie ?
Prochaine étape : des espaces de travail chez les coiffeurs et, pourquoi pas aussi, des cafés dans les banques et des restaurants dans les concessions automobiles.