9 décembre 2024

La fête nationale de la consommation

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Novembre n’est pas resté longtemps un mois sous-employé, salle d’attente coincée entre les impôts d’octobre (dont il faut se remettre) et les fêtes de Noël (dont il faut se réjouir). Il est désormais le mois des calendriers de l’Avent et du Black Friday. Deux manières de se faire plaisir. En régressant et en se lâchant. 

On peut se demander pourquoi le Black Friday suscite autant d’agressivité alors qu’il suffirait de le voir comme une nouvelle période de soldes pour calmer les esprits. L’envie de consommer a toujours eu besoin d’un déclencheur. Aujourd’hui, plus que jamais. Y a-t-il d’ailleurs encore un consommateur qui achète aujourd’hui quelque chose au prix affiché ? 

Le Black Friday ne serait-il pas, finalement, le remplaçant 2.0 de cette bonne vieille Saison du blanc qui, en dérivant du linge de maison vers les pentes neigeuses, a fini par fondre ? Elle s’était installée après les fêtes, le Black Friday a choisi, lui, l’avant-fêtes, manière d’exprimer sa vocation : être l’antichambre de Noël. Noël en mode ventes privées. Pourquoi pas. Car, que font majoritairement les consommateurs durant cette période de Black Friday si ce n’est acheter ce qu’ils destinent à figurer au pied du sapin ? Ce qui est acheté aujourd’hui ne le sera pas demain. Un jeu davantage à somme nulle qu’il n’y parait dans un contexte de course aux bons plans. 

Le Black Friday, c’est aussi le moment où la consommation devient LE sujet du moment. Une sorte de fête nationale de la consommation, qui, par ses excès de promesses de bonnes affaires, conduit paradoxalement chacun à s’interroger sur ses besoins et certaines enseignes à afficher leur volonté de ne pas participer à la débauche… tout en s’assurant une présence… Car le Black Friday est capable d’accueillir tous les discours pour peu que la communion se fasse sur l’autel de la consommation

Certains lui donnent une couleur verte et le rebaptisent Green Friday, d’autres parlent de Repair Friday et en profitent pour valoriser leur service de remise en état et de conseil d’entretien. Ici, c’est un Black Friday dédié au Made in France renommé Les jours tricolores, là, un Black Friday valorisant les achats éthiques et écologiques pour mieux faire prendre conscience des effets de nos achats sur la planète et les travailleurs. 

C’est peu dire que le moment stimule la créativité et les réflexions sur la consommation. N’est-ce pas finalement le caractère œcuménique du Black Friday qui serait à l’origine de son succès ?

So What ?

Plutôt que de se conformer à un calendrier attendu, chaque enseigne pourrait imaginer son propre Black Day, manière d’attirer l’attention sur des offres avantageuses… ou sur des initiatives responsables