On apprenait cette semaine que les ventes d’Ikea venaient d’accuser un recul historique… Si l’information n’est pas totalement surprenante sur un marché en régression, il serait trop rapide de lui imputer toutes les responsabilités. Ikea n’est-elle pas pour partie victime de la mutation actuelle des attentes des consommateurs ?
Maline, « design » et accessible, son offre a longtemps su séduire un public large qui y voyait, soit son premier équipement, soit une manière de venir réveiller son intérieur. Une offre, rapidement copiée par d’autres enseignes, dont la généralisation massive n’est sûrement pas étrangère au recul actuel de ses ventes. Le style Ikea est ainsi devenu le standard européen « sympa ». Il suffit de jeter un œil sur les photos d’appartements à louer de sites comme Airbnb pour finir de s’en convaincre… Difficile dans ces conditions de répondre à l’envie de singularité qui déferle actuellement un peu partout.
Un autre imaginaire est également à l’œuvre, mi-bohême, mi-rétro. Un rétro situé dans les années 50-60. Il suffit, là, de parcourir les magazines de déco pour le constater… Pas d’intérieur actuel sans sa touche de mobilier industriel, ses chaises dépareillées, ses petits meubles « fifties »… Bien loin de l’univers coloré et rigolo d’Ikea. Comme par hasard, Ikéa a récemment réédité quelques unes des pièces emblématiques des années 50, notamment sa table « iconique » en forme de feuille… Le message semble avoir été entendu. Bonne nouvelle.
Longtemps figée dans la tradition et la reproduction, puis soumise à l’impératif de la modernité des designers, la déco se veut aujourd’hui « vivante ». Une déco vivante n‘est pas une déco où les meubles sont dotés de roulettes. C’est une déco qui donne à son propriétaire le sentiment d’avoir une personnalité. Les imperfections, les déséquilibres, les associations inattendues, voire le mauvais goût par petites touches, sont les bienvenus car ils signent des choix individuels. Un nouveau « sympa » est à l’œuvre. Il ne reste plus qu’à Ikea de s’en inspirer pour retrouver les faveurs de son public.