Si, pendant longtemps, la Food a été motrice des marchés alimentaires, mouvement fooding oblige, il semblerait que le vent tourne aujourd’hui en faveur du Beverage qui s’affirme être la nouvelle source d’étonnement. Après les mocktails (cocktails sans alcool, très appréciés) et les boissons fermentées, voici à présent les boissons au collagène. En apparence une micro-niche mais il est fréquent que des niches donnent naissance à de grandes portées.
Rue La Fayette, à Paris, un établissement propose ainsi des collagen cafés, des collagen latte, des collagen smoothies, des collagen soups et même des collagen frozen-yogurts, tous composés d’ingrédients aux vertus energisantes: spiruline, curcuma, charbon actif, guarana… Cette soudaine irruption des boissons au collagène ne pouvait pas venir d’ailleurs que des Etats-Unis où Jennifer Aniston, entre autres, les présente comme sa cure de jouvence quotidienne. A Los Angeles, les magasins Erewhon proposent des encas dopés à l’acide hyaluronique et des « cactus plant smoothies » censés booster notre système imunitaire. Ce qui se boit dans nos tasses finirait-il donc par se voir sur nos visages ? Pourquoi pas, même si les spécialistes de la nutrition ne partagent pas tous ce point de vue.
On pourrait aussi citer ici les compléments alimentaires de la marque Holidermie, dotés d’une esthétique hautement instagramable (cubes de cacao, poudres de super-fruits et capsules de café au collagène), le chocolat Feel good de Delikao qui promet un mieux-être dès deux semaines… à condition de consommer quatre carrés par jour ou encore les gummies aux innombrables vertus qui cartonnent sur Amazon. Les alicaments, un temps disparu des radars, reviennent donc sur le devant de la scène. Les plus de quarante ans se souviennent certainement d’Essensis de Danone (2008), un yaourt blanc dans un pot rose (le féminisme n’était alors pas aussi vigilant qu’aujourd’hui) qui nous promettait de nourrir notre peau de l’intérieur pour peu que l’on en ingère deux par jour. Une manière comme une autre de fidéliser ses consommateurs.
La relation entre alimentation et santé n’a donc pas disparu. Après le temps de la privation (sans sucre ajouté, sans gluten, produits crus) voici celui de l’implémentation avec les super aliments, les boosters ou encore yaourts hyperprotéinés sur fond de discours holistiques où bien-être physique et psychique ne sont jamais éloignés. Notre assiette est bien notre meilleure ordonnance pour nous permettre de bien vivre, bien vieillir et même paraitre jeune. Après Je suis ce que je mange, place à Je parais ce que je mange.