Si toutes les marques cherchent à capter l’air du temps, certaines sont à l’origine de ses premiers souffles. Les repérer offre toujours l’opportunité de comprendre le modèle qui est à l’origine de leur succès pour mieux s’en inspirer.
Sézane est l’une d’elles. Créée il y a dix ans (déjà), elle est devenue un repère pour une génération de femmes jeunes-actives-urbaines qui ne trouvaient pas dans les autres offres « le petit quelque chose en plus » qui leur disait que c’était là qu’elles devaient être. Née sur le net, Sézane fut l’une des premières marques à avoir su prolonger, dans le monde réel, ce qui avait contribué à son e-succès : le sentiment éprouvé par ses adeptes d’appartenir à une communauté. L’entre-soi en magasin, la proximité avec la vision et les convictions de la créatrice de la marque, le style de vêtements proposés ainsi que le parti pris de faire de ses boutiques des « appartements » y ont largement contribué. Depuis, toutes les enseignes de mode se demandent comment elles pourraient, elles aussi, y parvenir… en oubliant que, pour la plupart, elles ne sont ni nées sur le net, ni véritablement générationnelles. Pas facile facile.
Dans son nouveau magasin (pardon, appartement) du Marais, Sézane accorde une large place aux accessoires, à la maroquinerie et à la bijouterie devenus, depuis la crise sanitaire, de véritables relais de croissance pour toutes les enseignes de prêt-à-porter. Une manière symbolique de nous rappeler qu’elle vend davantage un style de vie que des vêtements neufs... Enfin, pour accueillir un flux important de clients tout en leur accordant la reconnaissance attendue, elle s’est dotée d’un système de caisses mobiles et d’équipes de vente importantes. Pas question ici de réduire les effectifs et d’inciter les clients à se débrouiller seuls, entre self-scanning et retours ad libitum. De quoi faire réfléchir… Créer une communauté, c’est d’abord créer de l’attention. Les cabines d’essayage, aussi, sont nombreuses. Et assez vastes pour inciter à prendre son temps et flatter l’ego. Enfin, un photomaton et une boite postale permettent aux clientes, dont beaucoup font partie des trois millions de followers de la marque sur Instagram, d’envoyer gratuitement une carte postale.
Sézane n’est pas seulement un appartement, mais aussi un territoire où il faut être. Une leçon pour toutes les enseignes qui passent leur temps à se réinventer pour cesser d’être là où on les attend et celles qu’elles paraissent. Car être, c’est être quelque part.