C’est peu dire que les constructeurs automobiles se creusent les méninges pour inventer de nouvelles propositions et ne pas rester enfermés dans leur réalité d’industriels. La prise de conscience que leur image est devenue fragile, voire suspecte dès que le sujet de l’environnement commence à être abordé ? Le signe d’une intention d’être les premiers à inventer un nouveau modèle destiné à se substituer au « tout voiture » ?
Depuis peu, Citroën propose ainsi à tous ceux qui achètent son modèle C1 (le plus accessible), en location longue durée de 36 mois, de se voir rembourser une partie de leur mensualités de 149 euros s’ils acceptent de laisser la voiture dans un dépôt d’auto-partage TravelCar lorsqu’ils ne s’en servent pas. Ceux qui acceptent de ne pas y toucher au moins 20 jours par mois voient même leurs mensualités intégralement remboursées… Voilà qui devrait séduire tous les amateurs de bons plans et les acheteurs qui se disent aujourd’hui plus animés par la mobilité et le partage que par la possession. Et même, pourquoi pas, aussi, ceux qui se déclarent rétifs à l’achat d’un véhicule…
Ici, il ne s’agit pas seulement d’acquérir une voiture, mais de s’interroger sur la manière dont elle va pouvoir être utilisée. Alors que, depuis cinquante ans, la règle qui prévaut dans notre société dite de consommation est celle du « toujours plus », la petite voix de Citroën vient nous murmurer du « un peu moins » qui tranche singulièrement. Utiliser moins ce que l’on vient d’acheter pour donner aux autres plus de possibilités d’en profiter. Accepter de ne pas toujours disposer de ce que l’on possède. Pas un véritable don, pas un véritable partage, mais une manière de consommer différemment. A plusieurs et différée dans le temps. Une nouvelle version du « Je consomme, donc nous sommes ». Un nouveau rapport à la possession autant qu’un nouveau territoire d’expression pour toutes les marques désireuses d’afficher leur différence et leur capacité à comprendre l’air du temps prend ici forme.
Pourquoi cette incitation à une consommation plus raisonnée et plus raisonnable devrait-elle, d’ailleurs, se limiter au seul secteur automobile ? N’est-il pas devenu du devoir des marques de ne pas toujours chercher à faire rimer consommation et accumulation, à suggérer d’autres modèles à leurs acheteurs ? Tout le monde a à y gagner.