L’Atelier Parisien d’Urbanisme a récemment publié une étude sur l’évolution du commerce dans la capitale entre 2011 et 2014. Que constate-il ? Que les opticiens, les supérettes, les établissements de soins du corps ainsi que les cafés et restaurants se sont beaucoup développés et ont pris la place des serruriers, des agences de voyage, des librairies, des vidéoclubs, des cybercafés et des photographes. Une parfaite synthèse de l’évolution de notre environnement qui vient souligner qu’une ville est bien la caisse de résonnance de son époque. Rien d’étonnant donc de ce côté là.
Plus intéressant est de constater l’irruption et le fort développement de l’alimentaire spécialisé. Cavistes, torréfacteurs, chocolatiers, points de vente de produits bio ou régionaux ont ainsi connu des croissances de 10 à 15 % en trois ans. Et, contrairement à ce que l’on pourrait entendre trop souvent, les commerces de bouche traditionnels (boulangeries, pâtisseries, boucheries) ont cessé leur régression. Les fromagers ont même connu une embellie. Cela ne leur était pas arrivé depuis longtemps….
C’est donc une nouvelle géographie du commerce qui est à l’œuvre. Le commerce de demain sera « alimentairement culturel ». Un peu comme si les fromages et les bouteilles de vin avaient pris la place des livres… Cette évolution peut être lue comme le signe d’un « plafond de verre » atteint par la grande distribution, format hyper. En raison de l’éloignement des emplacements de leurs magasins, devenu synonyme de perte de temps et de mauvaise conscience écologique, autant que de leur difficulté à passer pour des « experts » face à des consommateurs de plus en plus curieux et exigeants. Pour y parvenir, il ne leur suffit pas de travailler l’ambiance de leurs rayons et la largeur de leur offre…
D’où l’opportunité offerte aux commerçants et artisans spécialisés d’émerger sur le marché avec de petites surfaces, peu de produits, mais à chaque fois accompagnés de belles histoires de défense du patrimoine, de producteurs locaux ou d’une culture… La densité d’un commerce ne se mesure pas seulement au nombre de magasins présent à un endroit, elle est aussi, désormais, affaire d’offres et de discours.