Récemment, le concept-store de référence Merci lançait sa propre gamme de montres. Sobres, intemporelles, accessibles. Fond noir ou fond blanc. Mécanique ou électronique. Pas d’esbroufe. Il y a peu, la presse professionnelle nous apprenait que Commune de Paris, la marque parisienne casual chic pour hommes, allait, elle aussi, lancer une première collection de montres à son nom, fabriquées dans la région de Besançon, berceau historique de l’horlogerie française. Trois lignes de montres aux noms évocateurs de Frimaire, Vendemiaire et Brumaire (il fallait y penser) sont proposées, là encore, à prix accessibles. On pourrait aussi citer l’existence des montres Zadig &Voltaire, celle de Timex pour Balibaris ou encore la présence, presque inévitable, dans chaque magasin « branché », d’un corner dédié aux ré-éditions des montres Lip…
Ceux qui ont de la mémoire peuvent se souvenir qu’il y a encore peu, chacun y allait de son discours prophétique sur la fin annoncée des montres traditionnelles, voire l’effondrement à venir du secteur de l’horlogerie car la montre connectée était là, celle de la marque à pomme en tête, et que c’en était donc fini des montres à la papa. Pire encore, certains fins observateurs ne manquaient pas de souligner que le Millennial ne portait plus de montres car il regardait l’heure sur son smartphone. Tellement plus cool.
Or, que constate-t-on ? Qu’une marque assemblée de toutes pièces dans un atelier marketing et habilement baptisée Daniel Wellington a réussi à envahir tous les poignets libres des 18-30 ans avec une montre que n’auraient pas reniée leurs grands-parents. Plate, ronde, fond blanc et dotée d’un bracelet en nylon interchangeable. Le tout contre une centaine d’euros. Qui l’eut cru ? Merci les réseaux sociaux. Les montres basiques qui ne font rien d’autres que de donner l’heure avec leurs aiguilles d’une autre époque sont donc toujours bien vivantes.
Que retenir de ces constats ? Tout d’abord, que la réalité porte en elle une part d’inattendu qui échappe aux prédictions les plus construites. Bonne nouvelle. Ensuite, qu’il faut se protéger des risques d’aveuglement provoqués par les phares de la modernité. Les innovations technologiques ne se substituent que rarement aux habitudes. La plupart du temps, elles cohabitent avec les « anciens systèmes » qu’elles peuvent même, parfois, rendre plus désirables que jamais…